Article paru dans le Journal du Mouvement LST “Main dans la main” de mai et juin 2008


CONSTRUIRE UNE PAROLE

L’assemblée des militants
a lieu trois fois par an.
C’est l’occasion pour les
militants de LST de se retrouver
tour à tour à Andenne, à
Namur ou à Jemelle. Nous
vivons un moment de travail
où nous réfléchissons en –
semble à une question qui
touche de près à notre vécu
de pauvreté.
Nous partageons aussi
un repas simple où nous prenons
plaisir à nous retrouver.

Lors des deux dernières assemblées
des militants, nous avons regardé des
extraits du film « We feed the world ».
Nous avons perçu que, dans le
monde, des hommes et des femmes
sont exploités pour produire la nourriture
pour les habitants des pays riches.
Ces travailleurs vivent dans des conditions
inacceptables et deviennent de
plus en plus pauvres.
Nous avons ensuite essayé de
faire le lien avec la pauvreté chez nous.
Nous avons réfléchi à ce qui se met en
place chez nous pour que nous devenions
plus pauvres. Nous voulons à
partir de là construire une parole pour
dire ce qu’est pour nous le développement
durable.

RESPECTER
LE RÈGLEMENT

Lors de notre dernière assemblée
de militants qui a eu lieu à Andenne,
nous avons poursuivi notre réflexion. A
partir de notre vie et de différents témoignages,
nous cherchons à identifier ce
qui nous enferme ou au contraire ce qui
nous libère.

Entre autres, un témoignage nous
parle et nous choque. Au moment où
elle va accoucher de son septième
enfant, une maman perd ses allocations
de chômage (sanction), est refusée
pour le RIS et se retrouve sans revenu.
Lors du recours en justice, celle-ci cautionne
la décision car, dit-on, la maman
n’a pas respecté le règlement. La
maman, en effet, avait été convoquée
par le FOREM et s’était rendue à l’in –
vitation avec certains de ses enfants.
Elle n’était dès lors pas disponible sur le
marché de l’emploi.

LE JUGEMENT

De l’échange qui a suivi l’énoncé
des exemples sont sortis les mots : intolérable,
inacceptable, au moment de
donner la vie (sacré), barbarie, exploitation…
Alors que certains professionnels
devraient nous aider, nous en avons
peur à cause du contrôle, du
jugement, de la condamnation.
Si l’on regarde l’application des
lois, nous sommes bien obligés
d’admettre qu’il y a une marge
entre son application stricte et la
pression sociale et culturelle
dominante.

Ainsi la façon dont on va
apprécier notre façon d’être
père ou mère se fera en fonction
de l’image de père ou de mère
véhiculée par la culture dominante.
Cela va rarement dans le
sens de la libération des plus
pauvres. Nous savons que
l’extrême pauvreté maintient les plus
pauvres dans l’illégalité, dans une
dynamique de survie.

LES DROITS HUMAINS
FONDAMENTAUX

Nous nous questionnons : comment
faire pour faire respecter, appliquer
les droits humains fondamentaux :
avoir un travail, un revenu, se loger, se
nourrir, se soigner, avoir accès à la culture,
vivre en famille, se former,
s’associer ?

Ce sont des droits et non
des lois.
Comment sortir de l’oppression
quand ce qui est mis en oeuvre pour lutter
contre la pauvreté nous y maintient.
Les plus pauvres doivent souvent payer
cher ce que les autres décident. Jusque là,
c’est la pauvreté qui est durable.
Nous voulons nous rassembler
pour dénoncer ces situations d’injustice
et essayer d’affiner pour nous ce qu’est
un développement durable.

Fabien Lardinois