Le 24 septembre 2021, nous étions plus de 100 à l’auditoire Montesquieu de Louvain-la-Neuve, pour le forum final d’ODD, modes d’emploi. Echo des différentes interventions et liens utiles (d’autres liens seront ajoutés par la suite). Quelques images.
Rappel des intentions

Associations 21, ses membres et partenaires ont cheminé ensemble sur ce thème en 2021, dans le but de :
- Remobiliser la société civile pour les mettre en œuvre, en se les réappropriant afin de les rendre plus utiles, praticables et en résonance avec nos préoccupations et revendications.
- Valoriser et échanger nos expertises sur les différents « modes d’emploi » des ODD.
- Nourrir les plaidoyers de la société civile et les adresser aux responsables politiques
- Rappeler à cette occasion les travaux du forum Durabilité et pauvreté de 2020, et ceux du forum associations-académiques, « Recherches en transition.S » de 2019.

Ces travaux ont été présentés lors du forum final ODD, modes d’emploi, à l’occasion du Festival Maintenant.
Questions en tension
Lors des forums thématiques, outre les constats et recommandations reprises dans ces pages, des questions en tension ont émergé, que nous aimerions approfondir à plus long terme avec des partenaires académiques dans le cadre de recherches transdisciplinaires :
- Les Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée : comment les co-construire avec les publics concernés, sans dévoiement du concept par les institutions ? En gardant le cap sur les buts poursuivis ?
- La construction rapide et urgente de logements, en tension avec l’importance de mieux en mieux reconnue de la nature, et l’évolution de notre rapport au vivant. Les inondations ont encore accentué ce dilemme.
- La croissance v/s la subsistance ou la suffisance, la nécessité de faire remonter jusqu’au niveau international une réécriture de l’ODD 8… Et celle de limiter la richesse (le débat correspondant sur les indicateurs a été développé dans ces pages).
- La participation : quels sont ses buts et comment s’assurer de les atteindre ? Vu le constat que souvent, les processus participatifs sont des « alibis », pour justifier des décisions déjà prises. Et vu la difficulté de faire entendre la parole des personnes les plus précaires, ou celle des jeunes créatifs et visionnaires.
- Communication sur le climat ou la perte de biodiversité : d’une part, on ne peut pas vivre en alerte permanente, au risque d’y perdre notre santé mentale. D’autre part, on est face à d’énormes enjeux qui nous obligent à sortir du déni.
- Agroécologie : comment garantir le droit et l’accès d’une part à une alimentation de qualité et d’autre part à un revenu digne aux producteurs ?
Séance académique
Au forum final du 24 septembre, des binômes d’acteurs académiques et associatifs ont été invités à lancer la réflexion sur ces questions. Aucun engagement n’a été pris formellement de mener de concert des recherches transdisciplinaires sur ces thèmes, mais de facto, chercheurs et associations collaborent déjà, parfois depuis longtemps. Ces interventions ont pu mettre cet acquis en exergue.


Grégoire Wallenborn constate qu’il y a énormément de demandes pour des recherches qui ne sont pas financées ou pas finançables. Parmi les recherches transdisciplinaires financées en RBC par Innoviris, où les destinataires de la recherche sont parties prenantes, parfois, une fois le projet terminé, ça coince, par impossibilité de transformer les institutions existantes. Il faut donc prendre en compte le défi et l’exigence que les résultats soient traduits en décisions politiques.

Julien Charles distingue ce projet des TZCLD des politiques de remise à l’emploi. Attention à ce piège, le coût des TZCLD est plus élevé que ce que les Français en disent. Mais potentiellement, ils favorisent la démocratie. C’est ce qu’il a détaillé dans une étude récente pour Actiris. Julien Charles avait déjà publié en 2020 Les territoires zéro chômeur de longue durée en Belgique : 20 conditions pour une appropriation réussie, avec Elise Dermine et Paul Hermant. Il fait aussi le lien avec le Manifeste Travail d’Isabelle Ferreras, Julie Battilana et Dominique Méda (publié en octobre 2020), visant à démocratiser, démarchandiser et dépolluer le travail. A noter également, le manifeste des Actrices et Acteurs des Temps Présents, « pays dans un pays ».

Pour Hélène Ancion, les chiffres et les analyses, on les a, le temps est venu d’opérationnaliser: en mobilisant des logements inoccupés, par des aides à la rénovation, y compris pour les locataires, en assurant l’accès à un espace vert ou de plein air, même limité comme un balcon… Attention de ne pas confondre « besoin de logements » et « besoin de bâtiments », il y a assez de villas sous-utilisées à diviser! Texte de son intervention.


Séance politique

- Celui de la santé (ODD 3) pour Alain Maron, Ministre chargé de la Transition climatique, de l’Environnement, de l’Energie et de la Démocratie participative au sein du gouvernement bruxellois, aussi chargé de la santé et de l’action sociale au sein de la COCOF ;
- Celui de l’économie (ODD 8) à Zakia Khattabi, Ministre fédérale du Climat, de l’Environnement du Développement Durable et du Green Deal.
Zakia Khattabi a apprécié la définition que nous avons reprise du Brussels Donut pour réécrire le sous-titre de l’ODD 8 : plutôt que « promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous », nous proposons : « Promouvoir une subsistance économique de l’humanité qui octroie à chaque humain les moyens suffisants pour son bien-être et assure à chacun·e l’opportunité d’un emploi décent ou d’une activité non rémunérée reconnue ». A noter : la disparition des termes croissance et productivité.
Les constats et recommandations du cycle ODD, modes d’emploi aux politiques :
- Plafonner / redistribuer : c’est le modèle de la Donut Economy de Kate Raworth, décliné en RBC avec Brussels Donut, présenté lors d’un atelier du SDG Forum Belgium le 05/10/21.
- Décloisonner: une nécessité qui apparaît particulièrement entre les métiers du social e de la santé
- Ré-humaniser: une demande forte de retour au présentiel, au téléphone, qui manquent beaucoup suite aux confinements
- Transformer la PAC en PAAC, soutenir l’agroécologie
- Subsidiarité active: soutenir les initiatives citoyennes
- Droit au logement: contrer la spéculation, développer les alternatives !
- Communs : démarchandiser des ressources comme l’eau, l’air, le vivant de manière générale.

L’outil créé au sein d’Associations 21 en 2018, connaît une belle expansion actuellement. Il a fait l’objet d’une animation éclair à l’accueil de notre forum.
La parole aux personnes sinistrées et à celles qui les aident

- Bernadette Leemans, écoconseillère de l’asbl Les Fougères et sinistrée de Chaudfontaine, qui nous a parlé de son vécu de l’inondation : une leçon d’humilité face aux forces de la nature et la nécessité de se préparer à l’imprévisible, en ouvrant notre imaginaire. Ici sa présentation PPT, on peut aussi écouter son intervention sur le podium de la Coalition Climat le 10 octobre dernier, après la Marche pour le Climat à Bruxelles (minute 6:15).
Charlotte Mathelart, qui a créé, fin juillet, avec d’autres bénévoles, un collectif des collectifs, Citizens Can. Ce réseau a entrepris des contacts avec le commissariat wallon à la reconstruction, le SPF Intérieur, la Croix Rouge et Assuralia. Mais le fossé reste béant entre les sinistrés et bénévoles sur le terrain d’une part (plus de 80 groupes Facebook sont toujours actifs) et les « grosses légumes » d’autre part, tout comme le déni collectif. La coordination des mouvements citoyens est laborieuse mais nécessaire. Il faut plus d’entraide entre les organes officiels et les bénévoles.
La parole aux ministres
Sylvie Meekers d’IEW et Rebecca Thissen du CNCD-11.11.11 interrogent les ministres :
Sur les politiques climatiques :


Gérer l’imprévu force l’agileté : à priori, les administrations ne sont pas agiles. Mais la pandémie et les inondations les ont fait sortir complètement de leur cadre : des fonctionnaires endossent, eux aussi, des tâches non prévues. Les pouvoirs publics ne sont pas tout puissants. D’où l’importance des associations, des collectifs… Comment améliorer ce type d’alliance ? C’est ce à quoi nous devons œuvrer désormais.
Sur la participation :
Zakia Khattabi travaille beaucoup avec les organes consultatifs intermédiaires comme le Conseil Fédéral de Développement Durable. La participation citoyenne est un enjeu crucial, mais il ne faut pas s’attendre à ce que les citoyens s’accordent sur ce qu’on aimerait leur faire dire. On a pu l’éprouver avec le G1000. Et en France, les citoyens ayant participé à la Convention Citoyenne avec le président Macron, étaient moins déçus des résultats du processus, que ceux qui n’avaient pas participé ! En 2022, elle organisera des tables climat. Il faut ouvrir portes et fenêtres, démocratiser !
Alain Maron pointe le danger de l’entre-soi participatif, dans une ville comme Bruxelles, si duale. Sa compétence de démocratie participative n’existait pas auparavant. Un service de la participation est en train de se monter. Il proposera une boîte à outils. En tout cas, la RBC aide les citoyen·nes qui ont de l’énergie, ex. avec le programme Inspirons le quartier, mené avec Natagora. Cela dit, les processus participatifs sont difficiles à cadrer : quelle méthode est pertinente ? Cela dépend des situations, il n’y a pas de recette miracle…
Dans le domaine social et de la santé, on attache beaucoup d’importance aux actions qui partent du terrain, qui sont transversales, cf. les contrats locaux social-santé, qui identifient les besoins des populations, avec elles, ainsi que les ressources dans le quartier. Il y a des moyens du Covid dégagés pour cela. Cela nécessite beaucoup de temps et d’énergie. Il faut une vraie volonté, perdurer, évaluer, innover, s’adapter aux évolutions constantes… Décloisonner relève de la responsabilité de toutes les parties!
Sur les indicateurs :
Zakia Khattabi signale que le Plan Fédéral de Développement Durable est sur le point d’être adopté par le Gouvernement Fédéral (entretemps, celui-ci a été approuvé et publié). Alain Maron constate, tout comme elle, des blocages culturels sur les contraintes liées à la durabilité : elles ne sont pas encore admises, même si elles n’ont rien de révolutionnaire. Il n’y a pas d’opposition sur le fond mais parfois simplement sur les mots, comme le « donut »… Au demeurant, on voit dans le monde économique que les business plans évoluent. Alain Maron évoque aussi les politiques alimentaires et agricoles et lance un appel aux académiques : celles et ceux-ci le sollicitent moins que les associations ! Bienvenue dans son cabinet !
Conclusions finales

- L’enseignement
- La recherche
- La transformation des campus.
Le 26 novembre 2021, le colloque Transition et développement durable visera à créer une communauté de pratiques transdisciplinaires, au sein de l’UCLouvain. Cette université entend atteindre la neutralité carbone en 2035 : des living labs sont prévus dans différents domaines : énergie, biodiversité, santé, alimentation… Affaire à suivre !
Remerciements, liens, partenaires
L’équipe d’Associations 21 remercie chaleureusement toutes les personnes et les organisations qui ont participé au forum final ODD, modes d’emploi, du côté des intervenant·es comme du public qui, c’est un fait, n’a quasiment pas eu la parole. Le programme était en effet trop chargé pour permettre à toutes les personnes qui le souhaitaient, de s’exprimer. Nous vous prions de nous en excuser et vous tiendrons au courant des suites, via des updates sur cette page et des infos dans notre newsletter mensuelle, Les Brèves. Lien vers la vidéo. Un enregistrement audio de l’après-midi est disponible si vous souhaitez reprendre le détail de certains propos.
- Powerpoint de présentation d’Associations 21
- A propos de la recherche transdisciplinaire, voir nos travaux du forum associations-académiques « Recherches en Transition.S » du 18 mars 2019
ODD, modes d’emploi a été mené de concert avec les organisations suivantes et avec le soutien de la Wallonie et de l’Institut Fédéral pour un développement Durable:
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