Le mouvement Luttes Solidarités Travail (LST), membre de Associations21, nous présente ci-dessous le Rapport Solidarité et Pauvreté publié ce 20 décembre 2021 par le Service interfédéral de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale (SLP): deux années autour de la question de la solidarité.

Une lecture

Ça y est, le rapport qui se réalise tous les deux ans, est clôturé. Le 20 décembre 2021 a eu lieu la conférence de presse présentant ce travail collectif. Nous vous invitons vivement à le consulter[1] et à enrichir nos rencontres par les thèmes et témoignages que vous y trouverez. Bonne lecture. Comme toujours, une attention existe pour celles et ceux qui ne peuvent lire, nous vous accompagnons volontiers pour cela.

Une thématique, des confinements, des concertations

Le thème de la solidarité pour ce travail de concertation nous occupe depuis le 1er confinement ou presque, presque deux ans. Mais au fil du temps, il est facile de constater que ce thème c’est l’essence même de LST et a traversé les années, les analyses, les prises de paroles et les rapports, depuis le Rapport général sur la pauvreté. Nous avions vite compris que les choses seraient bousculées assez fortement et nous avons en parallèle du travail avec le SLP[2] orientés nos différentes rencontres également autour de ce thème. C’est en ce sens que nous avons travaillé lors des assemblées de militants et en préparation du 17 octobre 2020. (Auscultons la solidarité)[3].

Les concertations qui habituellement se déroulent à Bruxelles en présence d’autres militant.e.s d’associations en lutte et d’autres acteurs que nous rencontrons, ont dû par la force des choses s’organiser par vidéoconférence. Nous avons souvent souligné dans nos interpellations, le rythme soutenu et la forme particulière que le Service imposait pour ces concertations. Comment traiter un sujet si vaste, si important, en moins de temps qu’habituellement et par vidéo-conférence ? Nous avons dû nous réorganiser, apprendre à communiquer autrement, trouver des stratégies pour garder une place dans le dialogue avec le Service interfédéral de lutte contre la pauvreté.

Un sacré engagement des militant.e.s et une ténacité nous auront permis, de relever, ensemble, ce défi du rassemblement dans le but de constituer une parole collective et militante.

Quelques mots sur le rapport

Les solidarités sanctionnées

Nous avons souvent entendu dire « Nous si on est solidaires, on est sanctionnés, mais nous sommes solidaires malgré tout.  C’est nous. C’est humain. ». Et pourtant le constat qui est fait au départ de l’analyse de nos vies est que les solidarités de bases se retrouvent dans les sphères de la répression des plus pauvres. Nous en avons fait écho dans l’article des caves dans le journal de janvier 2021. Ça disait (entre autres) : « Plusieurs, parmi nous, vivent des peurs profondes par rapport à des sanctions importantes qui peuvent arriver à cause de la solidarité. Perdre son logement, son revenu (…), subir des menaces et des reproches(…) »[4]

Cette conséquence liée à la solidarité de base que nous vivons, nous constatons qu’elle ne se vit pas du tout de la même manière quand ceux qui la pratiquent ne sont ni au CPAS, ni allocataires sociaux, ni vivant avec un revenu de la mutuelle ou de la GRAPA. Une injustice flagrante qui touche nos familles.

Vers une autre fiscalité

Dans le journal de février 2021 l’équipe d’Andenne proposait un article sur la fiscalité, un thème que nous avons abordé dans ce rapport.[5]

Comment rendre la fiscalité pour équitable, juste et porteuse de changements pour les plus pauvres ? Comment faire cap vers plus de progressivité ? Comment éviter la surutilisation de la TVA qui est vraiment une forme fortement inégalitaire de taxation et absolument non progressive ?

Il ne s’agissait pas de discussions simples ni d’une thématique facilement abordable. Mais nous avons soutenu notre position qui tend à dire qu’il faut que les aménagements fiscaux aient pour but de diminuer les écarts abyssaux qui se créent entre les riches et les pauvres. Nous avons également milité pour une attention particulière aux mots « impôts » et « sécurité sociale ». Le terme « charges » est en fait détourné du sens premier, il est souvent utilisé pour évoquer les cotisations sociales. Il est important, pour garantir la solidarité, de reconnaitre qu’il s’agit en fait de cotisations, d’un salaire de solidarité. Une base de notre système de sécurité sociale, créée depuis 200 ans dans la lutte prolétarienne.

La fiscalité gérée par l’État au travers des taxes et impôts, néglige trop les revenus issus du capital (biens mobiliers) et les revenus locatifs des biens immobiliers (bâtiments). Faire participer ces revenus est primordial pour concrétiser la pérennité de nos services publics et agir contre les inégalités.

Nous avons également abordé la question du travail et de l’emploi. « Nous travaillons beaucoup, énormément, mais pas nécessairement dans le cadre d’un emploi. »

Les militant.e.s du Mouvement LST

[1] www.mouvement-lst.org & https://www.luttepauvrete.be/

[2] Service interfédéral de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale.

[3] Le texte proposé le 17 octobre 2020 est en téléchargement libre sur notre site : www.mouvement-lst.orghttp://www.mouvement-lst.org/documents/2020/2020-10-16_LST_JMRM_Etude_LaSolidarite.pdf

[4] La main dans la main ; n° 378, Janvier 2021, p. 2.

[5] La main dans la main, n°379, Février 2021, p. 2-3