Les 2 et 3 juin 2022, les Nations unies commémoreront la première conférence mondiale sur l’environnement qui s’est tenue à Stockholm en 1972. L’occasion de faire le point sur 50 ans d’action multilatérale en matière d’environnement lors d’une conférence de haut niveau organisée par la Suède et le Kenya : Stockholm+50 : une planète saine pour la prospérité de tous – notre responsabilité, notre chance.

Au programme : trouver des solutions à la triple crise planétaire de la Terre – climat, nature et pollution ; accélérer la mise en œuvre des ODD d’ici 2030, l’accord de Paris sur le changement climatique, le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 ; et encourager l’adoption de plans de réhabilitation écologiques pour l’après COVID-19…

On peut s’interroger sur l’enjeu de cette conférence, où il n’y aura pas de négociations entre Etats. Gageons que ce cadre moins contraint favorisera les débats de fond. En tout cas Stockholm+50 s’appuiera sur les principes d’engagement suivants : mise en œuvre, interconnexion et intergénérationnel ; et les 5R : régénération, récupération, rééquilibrage, renouvellement, ré-imagination, comme voies vers une planète saine.

Un forum des peuples se tiendra à Stockholm le 31 mai et le 1er juin. Leur site : peoples’ forum Stockholm. La coalition qui l’organise pointe les crises existentielles qui menacent les sociétés humaines autant que les écosystèmes. Elles partagent la vision des organisateurs du sommet officiel mais veulent aller beaucoup plus loin que les gouvernements dans les solutions à mettre en œuvre.

Ce lundi 2 mai, le Bureau Européen de l’Environnement (EEB) et Women Engaged for a common Future (WECF) ont organisé un briefing en visio pour les organisations de la société civile. Ces deux organisations soutiennent le secrétariat de Stockholm+50 au PNUE dans l’organisation de la consultation multipartite pour l’Europe et l’Amérique du Nord qui aura lieu le 5 mai 2022 en vue cet événement.

Cette consultation régionale Multi-stakeholder organisée ce 5 mai, de 14h à 16h30 (de notre heure), est ouverte à tous les représentants gouvernementaux et non gouvernementaux, y compris ceux qui ne sont pas accrédités auprès du PNUE, afin de partager leurs actions en faveur d’une planète saine et d’une reprise durable, et d’apporter leurs engagements & promesses d’action.

Objectif de la consultation : donner la parole, faciliter l’engagement du plus grand nombre possible de parties prenantes et garantir une cartographie ascendante des initiatives et actions clés nécessaires pour accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable.

Documents préparatoires :

Lors du briefing du 2 mai, nous avons pu constater que le groupe Europe & Amérique du Nord est très étendu, incluant également l’Asie Centrale. L’occasion d’entendre les témoignages d’acteurs associatifs notamment du Kirghizistan et de l’Ukraine.

Andriy Martynyuk, de l’EcoClub Rivne (entre Kyiv & Lviv), tente, tant bien que mal, de continuer à travailler dans un pays en guerre. C’est clair qu’au regard de cette guerre et de ses conséquences, des sujets comme la relance post-pandémie semblent incongrus. Andriy ne manque pas de rappeler que l’agression russe est rendue possible par l’achat par les pays européens de gaz et de pétrole russe. Cette consommation de carburants fossiles est à bannir aussi pour le climat, double raison donc de changer drastiquement nos modes de production et de consommation. Il dénonce aussi le vol des réserves de céréales par les agresseurs, qui va entraîner la hausse du prix de ces denrées, menaçant la sécurité alimentaire de nombreux pays. Il signale que les crimes environnementaux sont répertoriés par le Ministère Ukrainien de l’environnement.

Dans ce contexte, la reconnaissance du crime d’écocide au niveau international est un enjeu important. L’occasion de saluer le dynamisme de End Ecocide Belgium qui a mené une semaine d’actions en mars, et une manifestation à Bruxelles le 20 mars, à laquelle, d’ailleurs, participaient des Ukrainiens. End Ecocide Belgium propose cette pétition à la signature et fait référence, au niveau international, à une fondation Stop Ecocide et à un mouvement fondé en 2012. Associations 21 transmettra les infos à ce sujet à ce correspondant en Ukraine.

Evidemment, la plus grande menace à présent est la menace nucléaire : non seulement à cause de l’escalade militaire mais aussi du fait que des centrales ukrainiennes sont tombées aux mains de l’armée russe. Cela fait réfléchir quant au choix de cette technologie comme alternative aux énergies fossiles !

L’échange dans ce cadre nous amène à pointer que le nord global se conduit toujours de façon coloniale dans l’utilisation des ressources. Des transferts technologiques seraient la moindre des choses mais aussi la mise au point de technologies avec et pour leurs utilisateurs, en veillant à en réduire l’impact environnemental. Dans ce domaine, les associations jouent le rôle de chien de garde. Or pendant le confinement, beaucoup ont vu leurs moyens restreints. La gestion de la pandémie par les Etats n’était pas inclusive. Ainsi, beaucoup d’actions visant la justice sociale et environnementale, n’ont pas pu être réalisées « à cause du covid ». Maintenant c’est à cause de la guerre, qui mobilise des budgets importants !

Bref, nul doute que les conséquences de cette guerre seront sur la table à Stockholm. Sonia Goicoechea (Italie) conclut : chaque crise doit nous conduire à un meilleur futur. Plutôt que de réduire nos ambitions, chaque crise devrait nous amener à plus d’ambition en faveur d’une planète soutenable !

 

 

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