Retour sur dix années de travaux communs des associations francophones en vue d’un développement durable, et coup d’œil sur les défis actuels et futurs.

Comment tout a commencé

En 2004, la Secrétaire d’Etat au Développement Durable faisait le constat d’une dynamique associative dispersée du côté francophone, d’où l’appel des pouvoirs publics fédéraux à suivre le modèle flamand du Vlaams Overleg Duurzame Ontwikkeling (Vodo, entretemps dissous). La Fondation pour les Générations Futures fut alors mandatée pour créer une plateforme d’associations francophones représentant les différents piliers du développement durable. Les discussions ont duré 2 ans, jusqu’à la parution, au Moniteur du 20 juillet 2006, des statuts de l’asbl Associations 21 (cf Un peu d’histoire).

L’histoire d’Associations 21 est donc plus ancienne encore. Dès le départ, une charte fut rédigée avec grand soin, et 10 ans après, elle reste très actuelle ! Ensuite, des groupes de travail furent constitués, dans le cadre d’une association de fait.

10 ans ne sont pas de trop !

Pour des problématiques à suivre dans la durée, 10 ans ne sont pas un luxe. Ainsi, un des premiers chantiers d’Associations 21 fut la réflexion sur les enjeux de l’associatif, son instrumentalisation. La Communauté Française (à présent Fédération Wallonie Bruxelles) et les Régions Wallonne et Bruxelloise envisageaient un « pacte associatif », adopté en 2ème lecture des gouvernements de ces instances en février 2009. En 2012 et 2013, il fut question de le mettre en œuvre. En 2016, la Wallonie décide d’avancer dans la concrétisation de cette charte, sans accord de coopération avec Bruxelles et la FWB (cf cet update d’Alteréchos). Sous la houlette d’Inter-Environnement Bruxelles, le secteur associatif bruxellois se réapproprie à présent le débat, en retrouvant les éléments mis en évidence en 2006 dans les archives d’Associations 21. Le travail d’alors peut encore servir aujourd’hui !

C’est le chemin qui compte

Il y avait aussi au départ d’Associations 21 un GT Gouvernance. On y trouvait important de réunir des associations qui avaient un bagage de luttes sociales et environnementales, pour engager une dynamique permanente entre les trois piliers du développement durable, sans langue de bois ni green washing. Une des questions qui fit alors débat : crée-t-on un syndicat ou une fédération qui défend des intérêts corporatistes ? Cette option n’a pas été retenue. Associations 21 fut dédiée à la concertation entre associations en vue de plaidoyers et de positions communes.

Il ne s’agissait pas non plus qu’Associations 21 soit l’arbre qui cache la forêt. La plateforme est restée « light », mettant en évidence l’action de ses membres, et s’y associant dès lors qu’un projet était porté par trois associations membres ou plus. C’est ainsi qu’au fil des ans, de nombreux appels de la société civile ont circulé via la mailing liste « membres ». Certains ont été relayés sur notre site.

Le but des fondateurs n’était donc pas de rassembler un maximum d’associations, mais d’assurer une cohérence, avec des engagements précis qui peuvent aller très loin. A quoi ça servirait-il d’avoir 50 membres si seulement 10 s’impliquent ? C’est le chemin qui compte, et la mise en œuvre de mesures radicales.

Echanges autour du bilan des 10 ans

Lors de l’AG dédiée aux 10 ans d’Associations 21, Luc Lefèbvre, de Luttes Solidarités Travail, qui a assuré la présidence depuis 2006, évoque une image double : l’homéopathie (ce n’est pas nécessairement avec les gros poisons qu’on soigne un problème) et la biodiversité du milieu associatif. Il s’agit d’accepter le conflit.

Paul-Marie Boulanger, de l’Institut pour un Développement Durable, s’interroge sur le choix de mettre en avant les projets des associations membres plutôt que ceux de la plateforme commune, ce qui aurait conféré à Associations 21 plus de poids politique. Christophe Dubois du Réseau Idée et Fabienne Minsart des Compagnons de la Transition apprécient le soutien fourni par Associations 21 à leurs projets et les liens assurés entre les associations.

Plusieurs saluent le rôle joué par Antoinette Brouyaux, qui assure “l’exécutif” depuis 2010. A cette occasion, Luc Lefèbvre rappelle qu’Associations 21 a également bénéficié de l’apport d’Anne Versailles et de Stéphane Vanden Eede qui ont précédé Antoinette à la coordination, et qu’il n’a pas été facile de stabiliser cette coordination durant les premières années. Les subsides n’étaient pas toujours au rendez-vous, à certains moments, les membres du CA ont dû assurer le suivi.

Lidia Rodriguez Pietro, du Monde selon les Femmes, a particulièrement apprécié le Forum de la Transition Solidaire, le 1er avril 2015 à Charleroi, et préconise que l’on intègre des associations de migrant.e.s. La difficulté est que ces associations sont assez précaires. Mais même si elles restent satellitaires, c’est une dimension incontournable à laquelle on n’a pas encore accordé de priorité.

Perspectives : la question des priorités fait débat

Selon Catherine Blin de l’Institut Eco-Conseil, les éco-conseillers travaillent avec « les pieds dans beaucoup de choses ». La newsletter d’Associations 21 reflète ces préoccupations très diverses mais qui correspondent à cette diversité. Aurélie Vanossel du Conseil de la Jeunesse trouve quant à elle que la spécificité d’Associations 21, ce sont les questions transversales du développement durable, car les questions thématiques sont déjà traitées par ailleurs.

mandala_light.jpg Cette question des priorités à l’avenir fait l’objet, en AG d’un exercice intéressant : le « mandala holistique ». Au centre d’un disque de cercles concentriques, les valeurs qui fondent Associations 21. Dans un 2ème cercle, on indique comment ces valeurs se traduisent en postures. Dans le 3ème cercle, il s’agit de traduire cette posture dans le pilotage des activités. Dans le 4ème cercle, ce sont les activités concrètes et leurs résultats. But de l’ensemble : tester la cohérence d’une organisation, à un moment charnière de son histoire. Cet exercice se prolongera cet été pour permettre de refonder Associations 21 en tenant compte des souhaits de ses membres et des nouveaux défis.

Pour Delphine Fontenoy, d’Espace Environnement, il est nécessaire d’évoluer mais avec nos racines, en conservant le positif, en voyant ce qui doit changer, en considérant la plus-value que représente As21. Sans oublier d’avoir une vision transformatrice de la société, rappelle Brigitte Gloire d’Oxfam Solidarité. Ni l’horizontalité qui permet au pouvoir citoyen de s’exprimer, conclut Alain Dangoisse, de la Maison du Développement Durable de Louvain-La-Neuve !

Et encore un tout grand merci aux membres du Conseil d’Administration qui ont tenu le gouvernail ces 10 dernières années! Graphisme Charlotte Lippinois