Le prix du logement au m² est souvent inversement proportionnel aux revenus des candidats locataires. En effet, il est courant de payer cher le loyer d’un taudis. En cause: l’exploitation d’individus isolés ou de familles dans l’urgence, par des marchands de sommeil. Quant aux maisons d’accueil, elles font en général payer la nuitée 15€… Quelques exemples, chiffres à l’appui.


La dualisation de notre société est une réalité qui se fait de plus en plus présente pour un nombre grandissant d’individus. La majorité des propriétaires cherchent à rentabiliser financièrement les volumes de leurs biens, et pour cela multiplient les unités de logement. Chacune de ces unités nécessite (au grand dam de l’environnement!) un certain nombre d’équipements qui sont autant de valorisation économique du bien immobilier, et donc de « justification » de hausse des loyers.

Dans nombre de cas, la logique du marché privé du logement exclut de fait les citoyens marginalisés, précarisés et stigmatisés. Cette même logique sert également d’argument afin d’exploiter des individus, qu’il s’agisse d’individus isolés ou de familles avec enfants, qui doivent faire face au dénuement le plus complet et à la misère au quotidien ! Les marchands de sommeil sont une réalité et pour les plus pauvres, il est courant de payer cher le loyer d’un taudis. Pourtant cela ne devrait plus être le cas puisque notre appareil législatif, et plus précisément l’article 433decies du Code pénal, condamne de telles pratiques.

Cette situation confirme l’adage qu’il faut non seulement « être riche pour être pauvre » mais aussi pour pouvoir vivre de façon moins onéreuse ; un modèle économique qui semble également régir les maisons d’accueil ouvertes aux plus fragilisés, où la nuitée, soit un lit se paie en moyenne 15 €.

Ces tarifs sont précisés dans les décrets qui organisent la reconnaissance et le subventionnement des maisons d’accueil. Les pratiques varient énormément d’une institution à l’autre. Dans certains centres, 15€ comprennent repas, pain, café, etc. Très souvent ces institutions recourent largement aux apports des banques alimentaires pour assurer les repas des personnes hébergées. Certains centres imposent aux hébergés de sortir la journée. D’autres imposent aussi la participation aux travaux domestiques, voire à des activités à caractère économique développées par l’institution : ramassage de mobiliers, rénovation, tri de vêtements etc. Cela sans un réel contrat d’emploi.

A titre d’exemple, voici ce que vivent les membres d’une famille qui est en relation avec LST. En janvier 2013, une maman et ses deux enfants en scolarité primaire de l’enseignement spécial de la région namuroise sont hébergés dans une structure d’accueil: une pièce avec un coin évier cuisine et un coin douche. La maman qui perçoit des allocations de chômage, vit et loge dans cette pièce avec ses deux enfants.

Montants de participation: 12€70 par nuit et par personne, soit 38€10 la nuit pour la famille. Vu les revenus du chômage de cette famille, aux environs de 1050€ par mois, le CPAS prend en charge une partie à travers l’octroi d’ une « aide sociale ordinaire ». Retenons cependant que le remboursement de ce type d’aide peut être exigé par le CPAS. Pour cette pièce, la famille débourse 534€/mois et le reste est versé par le CPAS sur base d’une aide ordinaire. Cette somme ne couvre que « le droit d’occuper de manière précaire » cette chambre et les repas doivent être assumés par la famille sur le reste de son « budget ».

A propos de la participation financière des hébergés, voici ce que dit le site d’une institution d’accueil qui existe depuis de nombreuses années [[Site du centre d’accueil l’Ilot le 13 décembre 2012]]: « la prise en charge qui s’élève à maximum 21,20 € par nuit est payée par le résident, son CPAS, sa mutualité ou sa caisse d’allocation de chômage. La participation financière n’excède jamais les 2/3 des revenus du résident ».

Il faut aussi savoir que les maisons d’accueil qui peuvent héberger des familles ou simplement des ménages sont rares. Très souvent un passage en maison d’accueil imposera la séparation de la famille.

De plus la plupart des maisons d’accueil sont en permanence saturées. Il faut bien souvent attendre un certain temps pour qu’une place se libère. Quand on ne trouve pas de place dans ce type d’institution, il reste peut-être un abri de nuit, lui aussi souvent saturé, dernier « habitat » précaire avant le  « squat » ou la rue…