3 octobre 2021

Les inondations de juillet ont fortement secoué Niels Duchesne et son entreprise Merytherm, spécialisée dans la production d’énergie renouvelable. De ses 3 centrales hydroélectriques sur l’Ourthe et la Vesdre, une peut être sauvée, la plus récente, qui était bien assurée. Les deux autres, plus anciennes, étaient amorties. Elles ont été détruites. Surtout celle de Chaudfontaine.

D’autres collaborations se poursuivent, mais quand même, cette catastrophe remet en question toute l’activité de Merytherm. Le thermique ne sera pas poursuivi. L’entrepôt a été totalement détruit, les bureaux sous eau…

Depuis cet événement, Niels s’intéresse au phénomène climatique extrême qu’a été cette dépression orageuse : au lieu de passer comme habituellement, s’est arrêtée au-dessus de l’est de la Belgique et de l’ouest de l’Allemagne, où il y a eu encore plus de morts au mètre carré. Le débit de l’eau sur la Vesdre était 3 à 4 fois plus important qu’à l’accoutumée. Sur l’Ourthe, il y avait 25% d’eau en plus.

Un tel phénomène climatique est bien connu en Europe de l’est, cela arrive souvent avec le Danube. A présent, il s’agit de voir si cela va arriver plus souvent en Europe de l’Ouest, où les bords des cours d’eau sont fort construits. La dépression aurait pu s’arrêter ailleurs : Liège a eu de la chance !

L’avenir des vallées inondées implique de tout revoir. Les bords des cours d’eau ont été habités car il y avait plein d’usines. Il y en a moins. Parmi les entreprises touchées par l’inondation, la beurrerie Corman a décidé de ne pas reconstruire sur le site mais ailleurs.

Si l’emploi n’est plus dans les fonds de vallées, pourquoi y laisser l’habitat ? On pourrait mener des expériences locales de délocalisation-relocalisation d’habitats par quartiers, pour expérimenter d’autres formes d’habitats, plus groupés, en reconcentrant l’habitat dans certains villages où celui-ci s’est étalé le long des routes. Cela devrait se faire via des processus tels que le G1000 : les gens ont besoin de prendre en main leur destin. Et on laisserait dans la vallée des prairies, des vergers d’arbres fruitiers, et des zones de loisirs.

C’était déjà l’idée avec les camping : au camping de Méry, avant, quand il y avait une crue, on bougeait les caravanes. Cette fois on n’a pas eu le temps de les évacuer. Il faut faire des plans d’évacuation : on doit apprendre comment évacuer 40.000 personnes.

Bref, il faut tout revoir. Quand on pense que la reconstruction va coûter 3 milliards, pour 200.000 personnes touchées, ce coût est énorme, surtout si c’est pour reconstruire dans les vallées vu les risques d’inondations futures.

Même les activités industrielles qui exploitent l’eau des cours d’eau devraient être arrêtées. A Tihange, un mur anti-crues avait été construit pour protéger la centrale d’éventuelles crues de la Meuse. Cette année, l’eau a monté jusqu’à 50 cm du bord du mur. Que se serait-il passé si l’eau était passée au-dessus ? Quel est le plan anti-crues de Tihange ?

Message au mouvement climatique : il faut aussi vous adapter. C’est une erreur stratégique de n’avoir jamais pensé l’adaptation, comme si cela mettrait en échec la mitigation. Car les effets du carbone se font sentir avec un énorme décalage temporel. Nous subissons aujourd’hui les effets des anciennes émissions de CO2. Donc on est déjà dedans et nous devons agir en conséquence.

Un bon modèle est « Occupons le terrain » : le critère de ce mouvement est : est-ce nuisible ou pas ? Si oui, il faut empêcher les constructions nuisibles. Faire plutôt du logement sur des friches, partir des villages existants. L’asbl Barricades à Lièges est impliquée dans ce mouvement, qui est à renforcer. C’est le communalisme. C’est ce qu’ils ont fait au Chiapas avec les Zapatistes : profitons de leur passage en Belgique pour apprendre de leur expérience !

Par principe, toutes les villes traversées par un cours d’eau devraient se poser des questions. Niels donne quelques heures de cours à l’HELMO-Gramme. Il va faire travailler ses étudiants sur des simulations de ce qu’aurait donné la pluviométrie de juillet sur Eupen, dans d’autres régions, sur d’autres cours d’eau. Avec des données de l’IRM etc. Personne n’est à l’abri. Les villages Alpins l’ont déjà bien compris…

Déplacer des groupes d’habitants sera difficile ? Pendant la guerre, la France a bien accueilli 2,5 millions de sinistrés Belges. Nous sommes désormais en situation de guerre climatique. Voilà où la société civile devrait mettre son énergie : faire en sorte que ces déplacements d’habitats se passent dans les meilleures conditions possibles. Vaste mission !

Echos dans la presse :

2/11/21, La Dernière Heure : https://www.dhnet.be/regions/liege/les-deux-stations-de-l-ourthe-a-l-arret-force-618019247b50a648b27e62c4

14/05/2019, reportage RTL: https://www.rtl.be/info/regions/liege/niels-jeune-ingenieur-produit-de-l-electricite-avec-l-eau-de-l-ourthe-a-liege-les-resultats-sont-excellents-1124125.aspx