Le 28 octobre, Romain Heuzé participait au forum organisé au Sénat par le Conseil Fédéral du Développement Durable et le Conseil de la Jeunesse. Voici l’intervention qu’il y a faite en tant que délégué du Conseil de la Jeunesse participant à la COP22 à Marrakech.


romain_heuze_conseil_j.jpg Je m’appelle Romain Heuzé, je suis étudiant mais je travaille également au sein du Conseil de la Jeunesse. Je m’exprime aujourd’hui en tant que délégué de la jeunesse aux Nations Unies sur les questions climatiques. Concrètement, mon rôle est de représenter les jeunes, de vous représenter, lors d’événements internationaux consacrés aux problèmes liés au climat.

J’aimerais commencer cette intervention en saluant l’organisation de cette journée. Mon boulot, en tant que délégué, est de mettre en avant les intérêts des jeunes auprès des institutions politiques donc j’ai toujours un rôle d’intermédiaire entre les élèves, les étudiants et les responsables politiques. C’est pourquoi je suis ravi de participer à cette journée qui a pour but de vous rassembler.

Pourquoi est-ce primordial d’inclure les jeunes dans les débats sur le climat ?

La situation actuelle est troublante pour les jeunes. Les différentes crises économiques et environnementales, les nombreuses politiques et mesures d’austérité ont particulièrement affecté la jeunesse. En plus, elle est tenue à l’écart des prises de décision. Donc on se retrouve avec des jeunes ressentant de forts sentiments d’indignation, d’injustice alors que cette jeune génération est sans aucun doute la plus polyglotte, à la pointe de la technologie, la plus connectée, la plus tournée vers l’Europe et l’international. Son inclusion dans les prises de décisions ne devrait pas être aussi difficile.

Ce constat est d’autant plus dommageable lorsque l’on sait que la jeunesse devrait jouer un rôle central dans les discussions sur le climat et le développement durable et ce pour deux raisons :

La première raison est le fait que le développement durable est un modèle de développement d’une société qui offre une alternative au modèle économique actuel. On parle ici d’un bouleversement de la façon dont nous fonctionnons depuis des dizaines années. La mise en place d’un tel modèle est donc un processus long et difficile. La société aura dans 20-30-40 ans besoin de personnes compétentes pour faire face à l’un des plus grands défis du XXIème siècle. La réponse aux défis du futur est une bonne éducation dès aujourd’hui.

La deuxième raison est qu’à l’heure actuelle, plus de la moitié de la population a moins de 30 ans. Il s’agit de la plus grande assemblée de jeunes de l’Histoire. Les jeunes sont dès lors des acteurs qui comptent, surtout lorsque l’on parle du climat et du réchauffement climatique. Les pays les plus touchés actuellement par le réchauffement climatique sont les pays en développement. Or, 90% de la population âgée de moins 30 ans vit dans ces pays.

En résumé, nous avons d’un côté des responsables politiques qui prennent des décisions et de l’autre les jeunes laissés à l’écart alors qu’ils sont les acteurs les plus concernés par ces décisions.

Pourquoi enseigner la problématique du climat aux jeunes ?

Donc on l’a bien compris : la place des jeunes dans les débats sur le développement durable et le climat doit être importante pour ne pas dire centrale mais l’inclusion de la jeunesse dans les décisions ne peut réussir que si cette jeunesse est correctement éduquée.

Il y 3 raisons qui justifient un enseignement de qualité sur la problématique du climat. Ces 3 raisons peuvent être résumées comme suit : tête, cœur et main. C’est une structure que j’a repris du magazine « Symbioses » qui est le magazine de l’Education relative à l’Environnement. Elle permet de bien comprendre l’importance de l’enseignement sur la question du développement durable. Cette structure n’est pas un processus linéaire mais plutôt un cycle qui se répète au fil du temps, au fur et à mesure que l’élève se développe et développe ses connaissances sur la thématique.

Tête :
Premièrement, la tête. Il est important pour les jeunes d’avoir des compétences, des apprentissages de base concernant le réchauffement climatique afin de pouvoir inscrire leurs réflexions dans un contexte global et de disposer d’outils pour comprendre le monde qui les entoure.

Cœur :
Deuxièmement, le cœur. Eduquer les jeunes au développement durable leur permettrait de mieux faire face aux nombreux sentiments d’inertie, d’impuissance, d’angoisse face à l’avenir incertain devant eux. La gestion de ces sentiments et de ces émotions passe par une éducation qui n’est pas uniquement ramenée à des messages simplistes ou parfois erronés. Un message clair et cohérent est souhaitable pour structurer les réponses émotionnelles induites par les connaissances de base.

Main :
Et enfin, la main. Une fois que les jeunes disposent des connaissances nécessaires pour comprendre leur environnement et sont capables de réfléchir en fonction, il leur est alors possible de mener des actions, des initiatives pour corriger la situation.
L’enseignement de la problématique du climat implique donc la nécessité de fournir les outils nécessaires aux élèves pour qu’ils se développent et deviennent des citoyens à même de faire face aux problèmes de leur temps.

Recommandations

Nous recommandons :

 Des organisations de jeunesse plus fortes pour représenter au mieux les jeunes et leurs attentes pour que les jeunes bénéficient d’une plus grande autonomie et d’un poids politique plus important ;

 Une intégration transversale et verticale de la thématique du climat dans le cursus

 De laisser tomber les messages simplistes sur le climat pour deux raisons : ils ne sont plus nécessaires si un cours sur le DD est mis sur pied et il est préférable de se focaliser sur du concret, du pratique.
Un Exemple concret serait l’organisation d’une journée de négociations entre élèves sur le réchauffement climatique (il y aurait une mise en pratique des acquis, une compréhension de la difficulté du sujet et une telle journée basée sur un enseignement alternatif de la problématique aiderait à fixer la matière)

 Le passage d’une écoute de la jeunesse passive, où on l’écoute parce qu’on ne peut pas faire autrement, à une écoute active c’est-à-dire porter une attention particulière à ses attentes, ses opinions. L’implication des jeunes ne mènera nulle part sans un relais politique.

COP22

Avant de conclure, j’aimerais vous dire un mot sur l’événement international auquel je participerai la semaine prochaine. Il s’agit de la COP22, autrement dit la 22ème Conférence des Parties. En quelques mots la COP22 c’est une conférence internationale organisée par les Nations Unies. Elle rassemble plus de 25.000 participants venant des 197 parties (195 pays, l’UE et la Palestine), des membres d’ONG ou d’autres organisations mais également Nicolas Raimondi et moi.
Nicolas Raimondi, le deuxième délégué climat du Conseil de la Jeunesse, et moi partons à la COP22 à Marrakech jeudi prochain. Nous souhaitons inclure les jeunes dans l’expérience de la COP22. Pour cela, nous avons créer une série de pages. Je vous invite donc à les suivre. Il y aura sans doute des interviews, des photos, des vidéos pour vous faire découvrir l’événement de l’intérieur. De plus, vous pourrez intervenir via ces pages pour donner votre avis, des conseils, émettre des requêtes, etc. N’hésitez donc pas à nous suivre et à interagir !

Les pages sont les suivantes :

 Twitter : @RomainHeuze @RaimondiNicolas @ConseilJeunesse

 Facebook : Belgian Youth Delegate, Conseil de la Jeunesse

 Snapchat : BEYouthCOP

Conclusion

Je terminerai en rappelant que les jeunes occupent une place centrale dans la problématique du climat, que l’enseignement est la première pierre sur laquelle se bâtira la société durable de demain et que les échanges entre politiques et élèves, comme aujourd’hui, sont primordiaux. Faites entendre votre voix, elle compte.
Merci pour votre attention.