Lors d’un débat sur l’économie sociale, nous nous sommes demandés : d’où vient le problème ? De la structure générale de l’économie. Quel est le combat réel ? Aller fermer le robinet ou éponger l’inondation ?
Le modèle de l’économie sociale devrait servir à revisiter ce qui ne va pas dans l’économie. Sinon on peut être créatifs jusqu’à la fin de nos jours dans le job d’écoper !
Il s’agit donc à la fois de critiquer fondamentalement le système productiviste tout en construisant, sur le terrain, des alternatives commerciales, énergétiques, alimentaires ou autres. Car finalement, la richesse de l’économie sociale n’est-elle pas de porter l’utopie de transformation tout en étant sur un marché, dans un cadre économique pas forcément favorable ? C’est important de se cramponner à l’expérimentation pour ne pas s’évader dans une utopie doctrinaire. Car cette transformation, on ne va pas la faire tous seuls… Et quid des modèles économiques hybrides ? Ne serait-ce déjà pas un progrès si des entreprises classiques intégraient certains critères de l’économie sociale ?
Dans le domaine de l’aide au développement, on peut aussi se poser la question de l’objectif poursuivi par la société civile : faut-il poursuivre les missions humanitaires comme autant d’emplâtres sur une jambe de bois ou coopérer en vue d’une répartition plus équitable des richesses ?
Ainsi, on parle toujours du fossé nord-sud, mais que dire du « mur » virtuel ou réel que dressent les pays industrialisés face à l’afflux des demandeurs d’asile ? En tentant de les contenir ou en les rejetant, ne se focalise-t-on pas sur les symptômes au lieu de se préoccuper des causes ? Si les pays riches restent un paradis désirable pour tant d’humains en déroute, c’est bien parce que trois principes de la déclaration de Rio ont failli : l’équité dans la satisfaction du droit au développement, l’élimination de la pauvreté et le principe de responsabilité commune mais différenciée.
Seul le premier des huit objectifs du millénaire – réduire de moitié l’extrême pauvreté dans le monde – est susceptible d’être atteint en 2015, et ce grâce à la Chine. Un milliard d’êtres humains souffrent toujours de la faim et les disparités s’accroissent. Dans ce contexte, l’aide au développement s’apparente trop souvent à l’oeuvre de missionnaires, de pompiers ou de gestionnaires alors qu’il faudrait rendre les politiques commerciales plus équitables, cesser d’imposer le modèle occidental comme condition des financements et cesser surtout le pillage des ressources.
Améliorer localement les conditions de vie ne suffit pas pour changer durablement la situation. Le développement durable ne doit pas être relégué auprès des individus ou des associations. Il doit être garanti par un socle de politiques cohérentes. Le secteur associatif doit aussi rester vigilant et veiller à cette cohérence. Faute de quoi il deviendra un acteur de coopération alibi ou pire, le fou des nouveaux rois du monde !
Ces interrogations n’épargnent pas le secteur de l’éducation à l’environnement : plus on amène des petits changements de comportements individuels (le tri, la prévention…) plus d’autres, nouveaux se mettent en place avec force… Marketing et société de consommation exigent. Où mène alors notre travail d’éducateurs ? Quelle est notre efficacité ? Jusqu’où s’épuiser (même avec passion) dans les changements de comportements individuels ? N’entretenons-nous pas le système ? De quels changements parlons-nous ? La réflexion sur le changement de comportements individuels mène ainsi à celle sur le changement collectif…
L’avis des associations :