Echos du Débat politique: Les changements climatiques menacent-ils aussi la stabilité financière en Belgique?

Le lundi 30 octobre, la Coalition Climat organisait au Parlement Fédéral un débat sur les risques financiers que représentent les investissements fossiles et le rôle que peut jouer la Banque Nationale. Les grandes banques belges continuent à investir au total plus de 40 milliards d’euros dans le charbon, le pétrole et le gaz. Ceci représente un risque gigantesque pour la planète et pour la stabilité de nos économies.

Les banques centrales des pays voisins ont déjà commencé à prendre des mesures. La Banque Nationale de Belgique (BNB) dit que pour notre pays le risque financier est de 80 milliards de dollars. « C’est un risque gigantesque pour notre planète, notre épargne et l’économie belge », insistent Laurien Spruyt et Sarah Schlitz, co-présidentes de la Coalition Climat. « Nous appuyons la demande de la BNB pour des études plus approfondies.»

Par le biais de la campagne Banqueroute de la Coalition Climat, plus de 4.000 citoyens ont demandé à leur banque de ne plus investir leur épargne dans des combustibles fossiles. BNP Paribas, ING, KBC et Belfius investissent au total plus de 40 milliards d’euros dans le pétrole, le gaz et le charbon. Des investissements en totale contradiction avec les engagements, confortées par l’Accord climatique de Paris, de limiter le réchauffement climatique à 2°C, voire 1,5°C. Pour atteindre l’objectif fixé par l’Accord, il faudrait que 85% des ressources fossiles connues restent dans les sols. Ce qui signifie clairement que ces milliards investis constituent un énorme risque, car la valeur des réserves de combustibles fossiles est principalement basé sur le principe de pouvoir exploiter ces réserves pleinement.

« Les banques centrales des pays voisins sont bien conscientes du risque », assure Sébastien Mortier, expert en désinvestissement pour la Coalition Climat. « La Banque centrale néerlandaise tire d’importantes leçons de son second rapport ‘Waterproof’.  La ‘Bank of England’, la banque centrale de Grande-Bretagne, a déjà lancé plusieurs études sur le sujet, alors que la France, elle, a déjà prévu un cadre légal, connu sous le nom de ‘Loi de la transition énergétique’ . Mais en Belgique, on semble avoir nié ce risque jusqu’à aujourd’hui. »

Les Pays-Bas agissent, la Belgique est à la traîne

Henk-Jan Reinders (photo) et Maarten Vleeschhouwer de la Banque centrale néerlandaise sont venus présenter les conclusions du rapport Waterproof. An exploration of climate-related risks for the Dutch financial sector’ (‘Waterproof. Une exploration des risques liés aux changements climatiques pour le secteur financier des Pays-Bas’) au parlement belge. “Si on attend trop longtemps pour faire les investissements nécessaires à une transition zéro carbone, cela risque de devoir se passer de manière plus brusque, et il y aura d’importantes conséquences financières et économiques”, dit Maarten Vleeschhouwer.

La Banque Nationale de Belgique reconnaît aussi que les changements climatiques comportent des risques considérables pour le secteur financier belge, mais elle indique qu’il y a un manque de données pour pouvoir estimer ces risques de manière précise. Selon la BNB ces risques s’élèveraient à environ 80 milliards d’euros (banques et assurances).

Tous les représentants politiques présents (Georges Gilkinet (Ecolo), Michel de Lamotte (cdH), Willem-Frederik Schiltz (Open-VLD), Karin Temmerman (Sp.a), Bert Wollants (N-VA), Robrecht Bothuyne (CD&V), Annemie Maes (Groen), Jos D’Haese (PVDA) étaient d’accords sur le fait que plus d’études et de données sont nécessaires, ils ont donc demandé à la BNB de faire plus de recherches à ce sujet.

  • Consultez les recommandations complètes faites à la Banque nationale
  • Retrouvez l’étude sur les investissements des grandes banques belges dans les énergies fossiles
  • Découvrez les deux études ‘Tijd voor Transitie’ et ‘Waterproof’ de la Banque néerlandaise

 

 

Communiqué de presse sur le site de la Coalition Climat