« Résister » ne signifie pas que l’on est passéiste, mais qu’on refuse l’inacceptable car d’autres solutions existent !


Depuis les années 70, la collecte et la revalorisation des déchets, activité de survie mais qui est économique quand même, a été colonisée par l’industrie, y compris à travers des démarches d’insertion, où la mesure est le niveau d’exploitation. Certains travailleurs qui travaillent dans ces nouvelles structures s’en sortaient mieux quand ils pratiquaient ces activités de façon autonome. C’est d’autant plus révoltant qu’à présent, ce secteur est lui même fortement valorisé parce que, les ressources se raréfiant, tout déchet est désormais considéré comme une ressource. L’« urban mining » est ainsi devenu une expression branchée, même si la réalité qu’elle désigne n’est pas toujours rose !

On pourrait envisager sous le même angle le succès des jardins partagés. A priori, tout le monde trouve cela sympathique. Mais il s’agit d’éviter des dérives telles que ces initiatives visant l’autonomie des personnes finissent par les aliéner encore plus ! Il ne faudrait pas en effet que des personnes volontaires au départ pour travailler dans un potager, finissent par être forcées d’y travailler dans le cadre d’un contrat d’insertion ne procurant pas une vraie rémunération…

Vu le nombre de chômeurs sur-formés, les entreprises d’insertion pratiquent en effet une forme de tournante qui ne débouche pas toujours, loin s’en faut, sur une réelle insertion. Le problème est que chaque Etat membre de l’Europe doit produire des statistiques indiquant ce qui est fait pour mettre les chômeurs au travail. Il faut donc des résultats chiffrés. Du coup, sur le terrain, des activités qui faisaient sens, perdent ce sens. Ainsi, dans l’insertion, beaucoup de gens essayent de bien faire leur travail, mais s’enferment parfois dans de tels systèmes pour obtenir des subventions…

Cependant, il faut voir aujourd’hui les conséquences néfastes qu’entraînent les dérégulations pour tous les travailleurs, avec ou sans emploi, particulièrement les plus pauvres. La gestion des crises de l’emploi et le « traitement » des pauvres poussent au développement « d’emplois » qui échappent pour la plupart aux exigences des règles de protection des travailleurs et au respect des conventions collectives, qu’il s’agisse de formation par le travail ou de titres services qui entraînent une véritable braderie. Pour un même service, le coût pour un client peut varier dans un rapport de 1 à 5 selon la manière dont le travailleur est (ou n’est pas) rémunéré. Ce qui entraîne des « délocalisations internes » vers des travailleurs aux statuts précaires, dans le cadre d’emplois subventionnés (via l’entreprise, ou le client).

Avec la multiplication et la précarisation des statuts des travailleurs, on n’oserait presque plus, comme le faisaient les femmes de la FN en 1966, revendiquer « A travail égal, salaire égal », de peur de déclencher un nivellement par le bas ! Il est regrettable que l’économie sociale contribue, en justifiant ces pratiques « hors normes » (ou plutôt « hors conventions collectives »), à de nouvelles formes de compétitivité. L’acte citoyen ne doit-il être de résister à de telles dérégulations ?

L’avis des associations :

Coopérative Lutte Solidarité Travail

Oxfam solidarité