Rétroactes en bref

Transition JustePour plus de détails, cf notre suivi des travaux sur la Transition Juste depuis octobre 2022

  • Consultation de l’automne 2022 : 45 contributions ont été envoyées par les parties prenantes, dont Associations 21 et plusieurs de ses membres. Leur analyse a permis de pointer les principaux points de convergence et de divergence, enjeux et priorités.
  • Préparation du forum : interview de 19 personnalités & personnes ressources sur les défis et opportunités de la transition juste, les points d’attention, attentes, et l’organisation des tables rondes.
  • Forum pour la Transition Juste, mars 2023 : 2 journées de tables rondes avec une centaine de représentant.es du patronat, des syndicats et du monde associatif, sur 4 systèmes clés : système de soins, mobilité et système de transport, système alimentaire, parc immobilier ; et 7 enjeux (emploi, enseignement et formation, financement et investissements, ressources et énergies, genre, lutte contre la pauvreté, solidarité internationale).

Un exercice de prospective pour assurer que la transition ait lieu de manière juste, a amené les participants à déterminer ensuite les principaux jalons à élaborer pour arriver à ce futur et à formuler des recommandations.

Contribution de la société civile organisée: publication complète

Définition de la Transition Juste

Les réponses à la consultation ont déjà permis de reconnaître comme incontournables les principes directeurs de l’OIT en matière de transition juste tel que le fait d’avoir un travail décent et des conditions de salaire et de travail décentes dans tous les secteurs. Ce qui nécessite d’avoir une approche préventive en identifiant les secteurs/entreprises/personnes/emplois les plus touchés, les besoins futurs et la manière dont nous pouvons garantir que les personnes/entreprises seront accompagnées dans la transition. Ceci doit aller de pair avec une réflexion profonde sur la refonte des enseignements en cours à tous les niveaux de cursus, ainsi qu’avec une offre de formations et de requalifications adéquate.

Bien sûr, les différents acteurs y ajoutent leurs préoccupations prioritaires : refonte de l’économie, assurer un « level playing field » pour les entreprises et indépendants ; justice sociale ; production et la consommation durables ; neutralité climatique ; l’économie sociale est une source d’inspiration importante pour la transition juste ; La croissance n’est plus l’objectif, le bien-être est central ; ne laisser personne de côté ; la transition juste doit être démocratique…

Les personnes en situation de pauvreté sont confrontées à des “risques de sécurité” personnels plus importants et n’ont souvent pas les ressources financières suffisantes pour réaliser des adaptations ou des investissements.

Les différentes contributions identifient aussi les risques de la transition, selon les préoccupations des parties prenantes. Sans surprise, les entreprises du secteur des énergies fossiles ou celles qui en dépendent fortement courent un grand risque de connaître une transition injuste. On pense à priori à la sidérurgie, à la pétrochimie… Moins aux soins de santé, au bâtiment ou à l’agroalimentaire, particulièrement vulnérable face à une transition.

Le fossé se creuse

De nombreux acteurs soulignent que les crises climatiques et environnementales que nous traversons amplifient les inégalités existantes – et contribuent plus spécifiquement à creuser le fossé entre les pauvres et les riches chez nous et dans le monde – et que les différences socio-économiques et culturelles s’accroissent. Le risque est évoqué de voir apparaître de nouvelles formes d’exclusion et de précarité : alimentaire, énergétique, de mobilité, hydrique… Les personnes les plus précaires sont aussi souvent victimes de l’effet Matthieu des mesures politiques (bénéficiant systématiquement davantage aux plus aisés, ex les primes à la rénovation).

Les personnes qui vivent dans le Sud global subissent quant à elles des pertes et préjudices de nos modes de production et de consommation. Enfin il y a l’analyse de la transition juste sous l’angle du genre.

Recommandations

Les acteurs consultés évoquent les mesures que les gouvernements devraient prendre. Là, les avis sont plus partagés : soutien aux secteurs vulnérables ou aux initiatives citoyennes, politique ambitieuse d’investissement public, mesures fiscales, programmes sociaux, nécessité d’une vision systémique pour agir sur les causes… Il faut en tout cas des mesures concrètes et un suivi structurel de leur mise en œuvre, une planification à très court terme comme à plus long terme, la participation des groupes concernés et un dialogue social renouvelé. Il y a aussi une demande de cadres juridiques, de best practices, de ressources financières et de cartographier les opportunités comme les vulnérabilités.

Dans une approche fondée sur les droits, la Conférence devrait oser nommer le pouvoir et la redistribution du pouvoir et avoir une composition inclusive, des objectifs et des indicateurs, incluant la dimension du genre. La Conférence nationale pour une transition juste est vue non pas comme un point final mais comme le début d’un long processus vers une Belgique climatiquement neutre d’ici 2050.

Planification et ODD

Les personnes interviewées se sont largement exprimées sur la planification de la Transition Juste, se référant notamment à la maxime « leaving no one behind » de l’Agenda 2030 et aux 17 ODD, « largement interconnectés » et à prendre ensemble. Il n’y a pas de solution miracle, mais plutôt un ensemble de mesures à prendre. La même solution ne convient pas pour tous les territoires et encore moins pour les différents secteurs : La transition générera de nouveaux emplois mais certains secteurs dont l’activité n’est pas en adéquation avec les objectifs écologiques seront amenés à se réinventer. Il y a certes des opportunités, mais il faut s’y préparer.

La production et l’accès de données est particulièrement stratégique pour piloter la transition. Les impacts seront transversaux, le travail de planification doit être multisectoriel.

Le financement de la transition se heurte à l’enchevêtrement des différents niveaux de pouvoir. C’est pourquoi la coordination institutionnelle multi-niveau a été citée comme essentielle. Les experts soulignent l’importance des fonds européens dans le processus d’implémentation de la transition juste. Le Just Transition Fund constitue le premier pillier du Just Transition Mechanism (JTM) a pour vocation d’apporter une aide aux citoyen.ne.s européen.ne.s affecté.e.s par la transition vers la neutralité carbone en 2050.

Enfin il est primordial de tenir compte des travaux déjà menés, notamment dans le cadre du PNEC. C’est pourquoi, durant les tables rondes, les acteurs sociaux ont insisté : les problèmes, on les connaît, il faut agir à présent !

Justement, les tables rondes ont permis de pointer des mesures très concrètes, et d’appeler à la révision des mécanismes de soutien financier, à l’adaptation du cadre réglementaire adapté à la transition environnementale, à l’accompagnement systématique au changement pour favoriser l’évolution des paradigmes sociétaux vers plus de durabilité, et au renforcement de la coopération institutionnelle multi-acteurs.

Parc immobilier résidentiel et non résidentiel

Dans le cadre de son GT Logement, Associations 21 s’est penché sur les mesures visant le secteur du bâtiment (p40-44 du rapport du forum). 9 mesures concernent l’emploi, 4 le genre, 5 la formation et l’enseignement, 3 la solidarité internationale, 3 le financement et les investissements, 3 la lutte contre la pauvreté, et 4 les ressources et l’énergie.

Les parties prenantes ont préconisé la mise en place d’une feuille de route visant à encourager la rénovation au niveau belge, le déploiement d’une stratégie de financement, la progression de la transition technologique, l’identification d’un cadre réglementaire adapté à la transition écologique et la mise en place de processus d’accompagnement.

Notons que dans l’ensemble du rapport du forum, les mots « ruralité » et « village » ne sont jamais utilisés tandis que le mot « quartier » s’y retrouve 9 fois. L’approche urbaine s’impose… Ce constat est à nuancer à l’examen des mesures visant la mobilité (p52) qui pointent l’importance des transports en commun, l’urgence de revaloriser les métiers de la transition en lien avec la mobilité et le système de transport, et le lien entre mobilité et aménagement du territoire.