Associations 21 a pris connaissance avec intérêt du Rapport du Commissariat Spécial à la Reconstruction, suite aux inondations de 2021. Voici ce que nous en retenons.
Contexte
Le Commissariat Spécial à la Reconstruction (CSR) sera dissous le 26 juillet, soit un an après sa mise sur pied (p6). Sa mission continuera au sein du SPW. D’où l’importance de ce rapport, très fourni et complémentaire aux recommandations de la Commission d’enquête parlementaire du Parlement Wallon, pour préparer la survenance d’une prochaine crise et poursuivre le long travail de reconstruction résiliente.
Ce rapport fournit des données, cartographie les acteurs et tire des leçons et recommandations (p. 72 à 88) : ex. une meilleure connaissance de la capacité de relogement et des réquisitions à baliser, une meilleure coordination de l’aide aux victimes, favoriser l’action collégiale des parties prenantes, des législations et procédures adaptées pour les victimes, mieux intégrer la préoccupation environnementale dans la reconstruction (e.a. la gestion des déchets)… Des fiches pratiques thématiques complètent l’ensemble.
Points d’attention
Nous y avons recherché les occurrences suivantes :
- “volontaires“ : ne désignent que des agents de la fonction publique
- “bénévoles“ : 7 occurrences. Qui nous informent qu’ “au total, le coût des dégâts et mesures peut être estimé en Région wallonne à 5 164 266 595 €. Cette évaluation reste sous-évaluée : la mobilisation des bénévoles n’est, par exemple, pas monétisée” (p29). L’importance des contributions des bénévoles est pointée notamment en matière d’aide alimentaire (p33), d’aide au logement (p34) ou de nettoyage des berges (p49). Le rapport relate aussi le sentiment d’abandon de sinistrés et de bénévoles (p54).
On aurait aimé y trouver une mention plus explicite de la nécessaire coordination des bénévoles, coconstruite avec ces personnes et leurs réseaux sur une base locale, pour d’éventuelles nouvelles crises, comme cela a déjà été proposé et discuté entre le CSR et Citizen Can.
On se réjouit de lire, dans la fiche pratique “aide alimentaire”, cette préoccupation: “Veiller à la qualité nutritionnelle, la diversité des repas. Dans la mesure du possible, privilégier les produits en circuit-court (permet également la relance économique du territoire sinistré)”.
On n’y trouve pas de fiche pratique « Environnement, adaptation, résilience », mais on lit p46 qu’une étude de modélisation hydraulique et hydrologique de la Vesdre a été confiée à l’ULiège, pour évaluer la pertinence de travaux de reconstruction résiliente des berges. Le fait est que pas mal de travaux (notamment d’enrochement) ont été déjà réalisés ! Ce point mérite un suivi attentif et si nécessaire critique, des organisations environnementales.
L’avenir
Au chapitre “Etudes” (p56), nous apprenons que “les prestataires du Schéma stratégique multidisciplinaire du bassin de la Vesdre ont présenté leur diagnostic en juin 2022. lls entameront ensuite une large phase de participation du public pour alimenter leur réflexion et poursuivre leurs travaux afin de proposer des mesures d’aménagement concrètes pour janvier 2023”.
Il y a aussi un “Programme de (re)développement durable de quartiers dans les neuf communes de catégorie hors Communauté germanophone” qui prévoit “des mesures d’aménagement concrètes à mettre en oeuvre dans les zones à enjeux identifiées avec les pouvoirs locaux et les services régionaux”. Le plan d’action devrait suivre.
Deux référentiels sont en cours d’élaboration: l’un sur les constructions en zones inondables pour renforcer le point 7.2 de la circulaire de constructibilité en zone inondable du 23 décembre 2021. On aurait préféré des mesures décrétales plus fortes au niveau régional, pour ne pas laisser la responsabilité des interdictions de construire/réhabiliter sur les épaules des bourgmestres, proches du terrain et soumis aux pressions des habitants et constructeurs.
Le second référentiel est dédié à la gestion des pluies. Ces deux documents ont fait l’objet d’un benchmarking commun dans six pays proches de la Wallonie… Dont nous aimerions prendre connaissance, vu l’intérêt de comparer notamment la manière dont la même catastrophe a été gérée en Allemagne.
Les travaux de la journée Printemps Résilient du 17 juin 2022 compléteront utilement cet aperçu. Notons également l’intéressant mémoire de Justine Noulin (master ingénieur civile architecte ULiège): “La culture du risque face aux inondations en Wallonie et en Angleterre: analyse des biais psychologiques et des processus décisionnels”, publié en septembre 2021 et couronné le 10 mai 2022 par un Hera Award de la Fondation Pour les Générations Futures, pour sa “vision à 360 degrés“.
Précédentes publications sur le suivi des inondations