François Gemenne

Synthèse des différents ateliers par François Gemenne 

Dans l’atelier sur les canicules, on a insisté sur l’effet des températures sur la santé et la mortalité : plus d’attention est nécessaire pour les publics précaires. Les SDF vivent en moyenne moins de 50 ans. Il faut aussi augmenter le couvert arboré.

L’atelier Inondations invite à dépasser une vision individuelle de la résilience pour une vision collective : chacun travaille à se protéger mais comment mettre ensemble ces initiatives individuelles ? Il s’agit de mieux inclure les citoyens, victimes et bénévoles, qui se sentent en dehors des processus formels, ont beaucoup à apporter mais demandent aussi une coordination. Il faudra du temps pour mettre cela en place, mettre les forces vives en réseau et s’inspirer des bonnes pratiques.

L’atelier Sécheresse a pointé la cascade d’impacts sociaux et environnementaux. Les usages de l’eau sont à arbitrer. Les moyens de résilience vis-à-vis de la sécheresse et comme des précipitations sont les mêmes et leurs bénéfices s’alternent.

L’atelier Biodiversité appelle à montrer sa richesse à tous les publics et à s’inspirer plus des solutions basées sur la nature.

Ce colloque a été décidé avant les inondations de 2021. Nous avons une responsabilité particulière : ne pas reproduire certaines erreurs mises en évidence par la Commis d’Enquête du Parlement Wallon sur notre impréparation et notre vulnérabilité. Soyons humbles. Abandonnons la posture statique d’attente. La résilience n’est pas un empilement de sacs de sable.

« On se prépare, mais on n’est pas prêts », dit Gilles Mahieu : c’est fondamental. Nous ne serons jamais prêts. Si nous pensons que nous le sommes, c’est que nous ne sommes pas préparés. La résilience n’est pas un état mais une mise en mouvement. Un processus participatif est un projet politique qui met toute la société en mouvement.

Le changement climatique est irréversible. L’anthropocène est un climat d’instabilité. C’est ce qui marque ce changement de période géologique. Durant ces derniers millénaires, la stabilité du climat a permis l’agriculture. Comment gouverner cette terre nouvelle que nous avons transformée ? Nous avons besoin de bases solides et d’une conscience de notre responsabilité collective.

L’anthropocène implique donc une autre manière de gouverner, une égale responsabilité des uns vis-à-vis des autres, au-delà des différences d’âge ou de classes sociales. Pour transformer cette résilience en projet politique, retrouver une solidité des fondations, il faut de la confiance : dans nos dirigeants, nos institutions, nos réseaux, services publics, ressources, et en nous-mêmes.

Céline Tellier

Céline Tellier

Conclusion de Céline Tellier

Merci à toutes et tous. Dézoomer l’échelle de temps permet de nous éloigner du diktat de l’immédiateté et de percevoir notre réalité différemment. La course productiviste a entraîné l’ensemble de la planète, tous les êtres vivants ont été mobilisés par l’humain. Des alertes se font entendre depuis le 19e S, encore plus depuis la 2e moitié du 20S : nous allons trop vite.

C’est une crise globale de durabilité, comme le dit le directeur de la DG Environnement de l’Europe. Dans tous les domaines, nous éprouvons les réelles limites de la planète. Les phénomènes extrêmes se multiplient dans le monde entier : feux de forêt, disparition d’espèces, sécheresses, canicules et inondations surviennent sur tous les continents. Les cycles de l’eau sont bouleversés… C’est donc le temps de la sécurité environnementale : le 2 décembre 2021, le congrès académique a établi le diagnostic des vulnérabilités et des facteurs capacitaires.

A présent nous élaborons une vision d’une Wallonie plus résiliente et des outils de gouvernance, avec des experts académiques et d’autres acteurs. Nous sommes sensibilisés, mais ce n’est pas le cas de toute la population : d’où le budget de 500.000€ pour l’appel à projets Résilience, afin de former et organiser des événements, avec des solutions pratiques.

L’appel à projet Résilience Biodiversité – Climat vise lui la reconstruction résiliente des berges et les Zones d’Immersion Temporaire. Par ailleurs, 1000 Ha de réserves naturelles protégées sont reconnus chaque année et la plantation d’arbres et de haies (Yes, we plant) se poursuit : 1300.000 plantations ont été déjà réalisées. Via le programme Forêt Résiliente, la Wallonie soutient la diversification d’espèces végétales.

Atténuation des risques : un plan air climat énergie est en cours d’élaboration, ainsi qu’une étude sur l’adaptation (investissements nécessaires). Chaque 10eme de degré compte.

Pour conclure, la culture de la résilience, ce n’est pas faire peur mais faire preuve d’humilité et de volonté, outiller les citoyens et les institutions, toujours essayer de planifier l’imprévisible. La résilience environnementale et sociale vise à faire éclore cette culture.